Entreprendre : et si vous deveniez chauffeur VTC ?
Ils étaient ingénieur, cadres dans la sécurité, dans l’hôtellerie… ils sont devenus chauffeurs VTC. Par dépit ? Non, par choix ! Embarquez avec la nouvelle tribu de chauffeurs-entrepreneurs.
Après vingt ans à bosser dans l’ingénierie pour des grosses boîtes comme Engie, EDF, Thales ou Danone, à Paris et en région parisienne, Erwann, 46 ans, en a eu sa claque du manque d’autonomie et de l’ultra verticalité des organisations qui l’employaient: « Le système de l’entreprise, c’est compliqué quand tu es d’une nature indépendante, comme moi, détaille-t-il. Et quand tu travailles en relation étroite avec les DG de grands groupes, que tu n’aimes ni l’autorité ni les rapports hiérarchiques, là, ça devient dur ! » L’ingénieur a négocié il y a deux ans une rupture conventionnelle, empoché une indemnité confortable et s’est tourné vers l’activité professionnelle qui lui faisait de l’œil depuis des années : chauffeur. De taxi et de VTC (véhicule de transport avec chauffeur).
Un choix mûrement réfléchi : « J’adore conduire, donc bosser en roulant, ça faisait d’une pierre deux coups ! » Et préparé : côté taxi, il s’est associé avec un chauffeur exerçant dans le sud de la France et a payé la moitié d’une plaque utilisable uniquement dans les Alpes-Maritimes (06), où il descend régulièrement. Côté VTC, il a obtenu son examen VTC (lire l’encadré), téléchargé l’appli Uber et chargé ses premiers clients dans la Mercedes Break flambant neuve payée grâce à son indemnité de licenciement. En parallèle, il a aussi créé sa boîte de consultant informatique. Mais en ce moment, les clients se font rares : « Heureusement que je suis chauffeur ! », s’exclame-t-il.
Ingénieurs, directeurs de magasins, cadres dans l’hôtellerie, directeurs artistiques… bon nombre de chauffeurs VTC ont un parcours aux antipodes de l’image tenace du jeune sous-diplômé et désœuvré. S’il est difficile de quantifier le nombre de cadres devenus VTC, les professionnels du secteur confirment l’arrivée de ces nouveaux profils. « La moyenne d’âge des chauffeurs Uber est de 39 ans, précise Louise Pasin, Senior Communications Associate chez Uber, elle a augmenté. On voit de plus en plus de quinquas arriver avec un projet entrepreneurial avant la retraite. » Une diversification vécue comme une aubaine par les plateformes : « Pour nous, c’est un énorme avantage de voir arriver ces ex-cadres, explique Veruschka Becquart, de Caocao Mobility, une plateforme de VTC chinoise, qui propose à Paris une flotte 100% électrique de « black cabs » londoniens : les CSP+ viennent avec leurs compétences, une réelle qualité de service et une grande motivation car ils ont choisi ce métier ! »
Lire l’article complet sur Capital.
