« Je me pose la question d’aller travailler » : le dilemme des chauffeurs VTC
Retour de soirées, retour du travail… Les chauffeurs VTC sont toujours là, à quelques minutes depuis votre smartphone. Avec le reconfinement de 16 départements, les déplacements de leurs habitants vont se modifier. « Le confinement sans attestation nécessaire de déplacement est plus intéressant que le couvre-feu, en termes de courses. Les clients ont plus peur pendant le couvre-feu. Ce qui me surprend le plus c’est que malgré le couvre-feu, 60% de ma clientèle sont des travailleurs. Ils sortent du travail entre 23h et 3h du matin, ils travaillent dans des banques, des cabinets d’architecte ou des cabinets de consultants. J’ai été contrôlé seulement 3 fois depuis octobre », raconte Abdel Kader, chauffeur VTC de 35 ans.
Pour réaliser le même chiffre d’affaires que l’année dernière, le chauffeur a dû augmenter son amplitude horaire de 40%. « Avant la crise, je réalisais 35 à 40 euros de chiffre d’affaires en une heure. Aujourd’hui, si j’atteins les 25 euros, je suis satisfait », raconte-t-il. Pour faire face à la baisse d’activité, au lieu d’attendre de longues heures dans leurs voitures, de nombreux chauffeurs ont choisi de rester chez eux en gardant leur portable connecté à l’application. « Beaucoup de chauffeurs sont en détresse psychologique. On estime la baisse d’activité à 90% avec le reconfinement », déplore Ben Ali Brahim, secrétaire de l’intersyndicale nationale des VTC.
À tel point qu’une des options envisagées par les chauffeurs est de s’arrêter intégralement de travailler. Sylvain, chauffeur VTC de 55 ans a préféré arrêter de conduire ses clients depuis octobre pour se protéger du coronavirus. « Pourquoi j’irais travailler alors que l’État me verse l’intégralité de mon chiffre d’affaires ? Je préfère me protéger en restant chez moi et ne pas engendrer de nouvelles dépenses telles que l’essence. On voit la limite de ce fonds lorsqu’on se pose la question d’aller travailler ou non », reconnait-il. Un phénomène relativement répandu parmi les chauffeurs VTC recevant l’aide du fonds de solidarité.
«Beaucoup arrêtent de travailler à cause du manque de clients mais aussi pour se protéger du coronavirus parce que certains clients ne veulent pas respecter les règles sanitaires et ne portent pas de masque par exemple. Les conducteurs qui continuent de travailler sont ceux qui ne touchent pas l’aide. Ils n’ont pas le choix», déclare Ben Ali Brahim de l’intersyndicale nationale des VTC.
Des aides financières leur sont en effet apportées pour les soutenir durant cette période. De mars à octobre 2020, les chauffeurs VTC pouvaient toucher une aide mensuelle de 1 500 euros via le fonds de solidarité, lorsque leur chiffre d’affaires connaissait une baisse de plus de 50% par rapport à l’année précédente. Une aide jugée insuffisante par les syndicats représentants des chauffeurs. « Nous avons manifesté pour que les chauffeurs VTC soient considérés comme un secteur connexe au secteur du tourisme pour bénéficier d’aides renforcées », explique Ben Ali Brahim.
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