Pourquoi les plateformes VTC renoncent à la voiture autonome

En dix ans d’activité, jamais Uber et Lyft n’ont été rentables. Voilà pourquoi ces plateformes de VTC rêvent de remplacer leurs chauffeurs salariés par des robots, moins chers à la longue. Las ! Le défi technologique s’avère plus ardu que prévu et les investisseurs s’impatientent.

Une suite malencontreuse d’accidents spectaculaires explique la résurgence aux États-Unis et en Chine de la polémique autour des aptitudes réelles du système de conduite semi autonome Tesla Autopilot. La politique du constructeur américain qui consiste à jeter sur les routes des voitures partiellement autonomes, en les laissant apprendre de leurs erreurs pour améliorer collectivement leur acuité est jugée désinvolte par les constructeurs rivaux. Ils préfèrent tester longuement avant la commercialisation des aides à la conduite, quitte à se laisser distancer par le pionnier Tesla. Surtout, les constructeurs allemands et japonais prennent garde à ne jamais suggérer que les systèmes de conduite semi autonome dispensent le conducteur de son obligation de vigilance.

Ce n’est pas le décès atroce de deux hommes, dans l’accident d’une Tesla au Texas, le 17 avril dernier, qui motive la décision de Lyft de se séparer de son activité de développement de la voiture sans chauffeur. Pas même le vent de contestation soulevé en Chine par le coup d’éclat au Salon de l’auto de Shanghai d’une cliente échaudée par la prétendue défaillance du système de freinage automatique de sa Tesla. De manière plus prosaïque, c’est le besoin de liquidités qui décide Lyft, grand rival de Uber aux États-Unis, à céder à une filiale de Toyota Motor Corporation sa division Level 5 consacrée aux VTC autonomes.

Le VTC sans chauffeur grève trop les finances de Uber et Lyft

Aux mêmes causes, même résultat. En décembre dernier, la plateforme de VTC Uber se résignait à vendre sa propre division ATG au rival Aurora, qui persiste dans l’aventure de la mise-au-point difficile du robot taxi. Lors d’un dernier tour de table en avril 2019, ATG était valorisée à 7,25 milliards de dollars mais, à en croire Bloomberg, cette division perdrait quelque 500 millions de dollars par an. Une hémorragie que le PDG Dara Khosrowshahi a cru nécessaire d’arrêter, s’il veut tenir son objectif de porter à l’équilibre les comptes de Uber pour la première fois depuis la fondation de l’entreprise, voilà douze ans.

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Avant la pandémie, la société basée à San Francisco prévoyait d’atteindre ce graal au dernier trimestre 2020. Au printemps elle a indiqué que cet objectif serait retardé de plusieurs trimestres, à cause de la crise sanitaire. Dara Khosrowshahi table désormais sur de premiers bénéfices en 2021.

Contrairement aux apparences, Lyft ne renonce pas aux VTC sans chauffeur

Le président co-fondateur de Lyft John Zimmer espère quant à lui afficher des bénéfices d’ici la fin de l’année, en partie grâce à la cession pour 550 millions de dollars de son activité Level 5 de recherches sur la voiture autonome à Woven Planet Holdings, une filiale du centre de R&D de Toyota Motor Corporation. “Sous réserve de boucler cette transaction dans les délais impartis et à condition que se confirme la reprise post-Covid, nous avons bon espoir de pouvoir dégager un Ebitda ajusté positif au troisième semestre”, a déclaré John Zimmer.

Les investisseurs semblent approuver cette stratégie, puisque le titre de Lyft a gagné 2 % hier, pour atteindre les 63,06 dollars à la Bourse de New York (en hausse de 28 % depuis le début de l’année).

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